John Galliano n’en finit pas d’essuyer les plâtres. D’après l’AFP, il aurait été insulté dernièrement par un photographe à son arrivée à Los Angeles, le traitant de, je cite « salaud de raciste ». Le couturier n’aurait pas réagi aux propos du photographe, pas plus qu’il n’a souhaité répondre aux questions des journalistes qui l’attendaient à l’aéroport.
Conspué à travers le monde entier pour avoir proféré des propos racistes et antisémites, dans les alentours de 5h du matin, dans un bar du marais, l’ancien directeur artistique de la Maison Dior vit ses heures les plus noires. Le 12 mai prochain John Galliano sera fixé sur la date de son procès pour injures et diffamation à caractère antisémite, procès devant avoir lieu avant l’été ou à l’automne.
Le créateur fait l’objet de deux plaintes, l’une concernant la fameuse altercation avec un couple, fin février, dans un bar du Marais, auquel il a présenté ses excuses. La seconde plainte concerne une autre personne, qu’il aurait insultée en octobre 2010. Le styliste se serait moqué du physique de cette femme de 48 ans, avant de proférer en anglais des insultes à caractère raciste. La plaignante n’avait pas souhaité dénoncer ces insultes à l’époque, estimant que les propos de M. Galliano étaient la conséquence d’une consommation excessive d’alcool. Mais elle avait finalement décidé de dévoiler ce précédent après avoir été informée de l’altercation plus récente.
Mis à pied puis licencié par Dior après ces affaires, le couturier risque tout de même 6 mois de prison et 22.500 euros d’amende.
Dans le monde de la mode, l’affaire déchaine les passions : pour le couturier Jean-Paul Gaultier, John Galliano a montré dans son travail qu’il n’était pas un « raciste, mais tout le contraire ». « C’est très triste, car c’est un talent énorme. » « Tout ce qu’il a fait ne montre pas quelqu’un de raciste, mais tout le contraire », a-t-il ajouté, faisant référence aux nombreuses collections du couturier britannique inspirées des quatre coins du monde.
On se souvient que le dernier défilé Dior par Galliano s’était déroulé dans une ambiance de plomb. Bernard Arnault, le milliardaire, propriétaire de la marque, ne s’étant pas montré dans la salle. « Ce qui nous arrive aujourd’hui est une épreuve », déclarait M. Toledano PDG de Dior. « Le fait que le nom de Dior ait pu être mêlé, par l’intermédiaire de son designer, si brillant soit-il, à des propos intolérables nous est très douloureux ».
« Chacun chez Dior, qui s’est donné corps et âme à son travail, est stupéfait et attristé par ces paroles inqualifiables », a-t-il ajouté, rendant hommage aux ateliers qui, le « coeur serré », ont fait aboutir cette collection pour l’hiver prochain. Il a aussi rappelé que la soeur de Christian Dior avait été déportée à Buchenwald.
Le top model russe Natalia Vodianova, sans doute la seule vraie célébrité à avoir assisté au défilé qui se voulait sobre, a estimé qu’il ne fallait pas retenir du couturier « que le scandale ». « John est sous l’influence d’une maladie contre laquelle il se trouve impuissant, l’alcool fait faire des choses monstrueuses aux gens », a-t-elle déclaré aux caméras, alors que plusieurs mannequins sortaient en larmes des coulisses, interdites exceptionnellement à la presse.
Au final, moment redouté car c’est là qu’apparaissait Galliano dans des effets toujours spectaculaires, une bonne quarantaine d’ouvriers et d’ouvrières des ateliers sont arrivés sur scène, en blouse blanche.
M. Galliano était le directeur artistique de la maison depuis quinze ans.
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