Glamour : magasine féminin français au tirage mensuel conséquent, à la ligne éditorial plus que paradoxale.
Et oui. Est-il logique qu’un magasine de mode, censé être spécialisé, dans la mode, nous présente chaque mois des articles qui frôle le voyeurisme avec des photos de pseudo stars en topless à Saint Barthes où des zooms sur les genoux vieillissant de la Moss ?
Est-il logique que le magasine, de mode, je le rappelle, étale une partie « culture » sur seize pages où pas une ligne n’est laissé à la critique, la vrai de vrai, pas celle qui vous distille des « terriblement été 2010 » ou « frais, légers, intelligent. » – et le verbe sinon ? – et dans lesquelles on peut lire des articles d’une vingtaine de lignes qui sont davantage de la communication que de l’investigation ?
Est-il logique qu’un magasine – de mode – nous ressorte des reportages à la mort-moi-le-nœud intitulés « Amour : ce qu’on peut lui dire…ou pas ! » je renchéris : « Amour : ces mecs qui nous rendent accros » (…) ? N’est pas Lacan qui veut, non non.
Alors lorsque le dit magasine s’attaque aux modeuses 2.0 en leur reprochant de se faire dominer par la manne financière des agences de publicités, ça fait le buzz. Et oui, le buzz. Pourquoi faire un article sur les blogueuses si ce n’est pour faire vendre. Car on l’a tous remarqué, les ventes en presse papiers sont à la baisse, quand la toile croît.
Et oui, comment faire le poids alors que les blogs sont gratuits, les billets des blogueuses journaliers voir hebdomadaire, participatifs et exotiques. Non n’ayons pas peur des mots : pour le lecteur lambda habitué aux sempiternels sujets cycliques de la presse papier balancés de manière continuelle – les régimes les it bags les enquêtes amour&passion – sans parler des pages beautés remplies à 85% par les marques qui ont payés assez cher au magasine le droit d’apparaître dans leur pages, contre une rémunération loin d’être modique (oups, je ne devais pas le mentionner ?) les blogs, parfois maladroits, tendres et bucoliques aussi, hétéroclites et hétérogènes, sans aucun désir de faire autorité d’une manière que ce soit, c’est un plaisir inespéré pour le lecteur désormais baroudeur.
Soyons conciliants : oui l’intention était là : dénoncer un système où les marques font la loi, et la paie à la fin du mois pour les squatteuses du 2.0. Mais lorsque ce système est exactement celui qui fait vivre la presse papier, comment dire, l’arroseur arrosé, est-ce une métaphore assez explicite ?
En outre, mon estomac s’ulcère de lire dans l’édito de Marie Lannelongue que l’on ne devient pas quelqu’un lorsqu’on porte une cape batman et des collants rayés. Travaille-t-il dans la mode chez Glamour ? N’ont-ils pas remarqué que justement si : la rue s’approprie la mode et votre apparence fait de vous quelqu’un. Situation certes peu pérenne mais quoi qu’il en soi certaine. Hier les modèles étaient imposés par des panneaux de 6 mètres sur 10 sur Montparnasse, dans le métro, sur votre écran cathodique et même dans votre journal. Plaignez vous-en à Warhol, c’est lui qui l’a prophétisé : aujourd’hui le quidam prend le pouvoir, son quart d’heure de célébrité il y a droit, on est en 2010 ou on ne l’est pas. (En l’occurrence on y est).
Glagla il fait froid. Raté pour cette fois. Sauront-ils se rattraper ? Réponse au prochain édito.
Agathe Theblues
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