(Kenzo, prêt à porter, printemps-été 1979-1980)
PARIS, 30 avr 2010 (AFP) – Les défilés de mode, dans les années 1970 et 1980, étaient des spectacles animés et festifs, bien loin des podiums actuels où les mannequins présentent le plus souvent un visage fermé et impassible.
Cette « parenthèse joyeuse », comme la qualifie Olivier Saillard, commissaire de l’exposition « Histoire idéale de la mode contemporaine », est présentée jusqu’au 10 octobre aux Arts décoratifs à Paris, avant un deuxième volet consacré aux années 1990/2000.
Dans les années 1970, « c’est la rue qui monte sur les podiums, les mannequins défilent bras dessus bras dessous, ou les mains dans les poches », décontractées et souriantes. Ensuite dans les années 1980, il est davantage question de « théâtralité, de spectacle », explique-t-il.
La vague des couturiers japonais qui s’imposent dans les années 1980, notamment Comme des garçons, contraste en imposant « une solennité nouvelle, sans podium », alors que le public des défilés Mugler ou Montana doit « lever la tête comme au théâtre », en raison de la hauteur des passerelles.
(Thierry Mugler, défilé prêt à porter, automne-hiver 1984-1985)
L’exposition s’ouvre sur des images d’un défilé Yves Saint Laurent en 1971, qui propulse le prêt-à-porter dans l’univers de la mode, et se referme sur l’impertinent Jean-Paul Gaultier et ses « Rap-pieuses » de 1990, figurant des nonnes très sport sous la grande Halle de la Villette.
Le parcours chronologique met en valeur les modèles les plus emblématiques, « ceux dont l’inventivité et le style témoignent d’un travail d’auteur », mêlant les grands noms à quelques créateurs plus confidentiels.
On y voit du Karl Lagerfeld pour Chloé, mais aussi les débuts d’Issey Miyake, styliste conceptuel et novateur dont l’épure tranche avec l’époque, et de ses compatriotes Kenzo ou Yohji Yamamoto.
Thierry Mugler, dès 1976, anticipe la décennie suivante, caractérisée « par une liberté de ton, d’expression et d’excès ». Avec Claude Montana, ils inventent une femme « dominatrice aux épaules carrées, surdimensionnées, à la taille étranglée » qui reste la silhouette emblématique des années 1980.
A côté d’une robe moulante et zippée signée Azzedine Alaïa, ultra-féminine et près du corps, des modèles de créateurs japonais, asymétriques, « froncés, déchiquetés et souvent noirs » semblent inventer un nouveau rapport au vêtement. Une exposition à découvrir.
Agathe Theblues
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