On l’a appris ce matin : Jean-Paul Gaultier quitte la maison Hermès après sept ans de bons et loyaux services. Que tout le monde se rassure, il semblerait que le couturier est pris la décision de quitter la griffe pour se consacrer à d’autres projets. Nul licenciement nul scandale. Juste un peu de nostalgie, quand on pense à ce que celui que l’on surnomme l’enfant terrible de la mode a apporté a cette griffe prestigieuse mais un chouïa poussiéreuse.
L’automne hiver, cette année fait l’apanage du pouvoir au féminin : les têtes sont chapeautées, les mains gantées, les cous emmitouflés. On dévoile les jambes, outils utiles à une démarche de femme assurées, mais pas de seins : le mamelon n’est pas de ton, sans doute trop attendrissant. L’hiver féminin est composé de spencer, blaser, gilet d’homme et autres accessoires largement connotés Wall street. Sans cet infime appel au 19e que la présence des chapeaux marque, on imaginerais volontiers un emplacement BlackBerry dans la poche intérieure de ces vestes d’extérieur.
Gaultier a su mettre au service de la marque son audace et son esprit sexuellement ambigu : ainsi la collection automne hiver 2010/2011 voit une femme qui arbore cravate en cuir rentrée dans un gilet sur chemise blanche, raccord avec mini en cuir, chapeau melon et parapluie porté façon canne, de la couleur de l’hiver : camel. La femme selon Gaultier est une femme qui en a. De l’envergure et de la stature bien sur. On ne dit pas nécessairement non à la couleur. L’automne a largement inspiré le couturier, et l’on retrouve par exemple un bel orange qui tire sur le potiron, un rouge vermillon et un joli cuir rougeaud feuilles d’automne.
On notera l’entrée fracassante de la top modèle Lily Cole portant un magnifique ensemble tout de cuir – matière maitresse de la marque – épousant à la perfection ses courbes parfois anguleuses. Chapeau melon parapluie et sac Kelly finissent de parfaire la tenue, et d’y apporter la touche « crédibilité » chère à la femme de poigne et de pouvoir.
Revenons sur le cuir qui découvre cet hiver une nouvelle vie. On l’avait déjà vu porté en robe sur Lou Doillon. Il revient chez Hermès en modèle ultra court mais sage : col V surpiqures apparentes manches longues et col blanc agrémenté de la cravate, de cuir. Le cuir se porte en dessous, le coton au dessus avec ce gilet enfilé nonchalamment. Le noble se mélange aux matières doucereuses et échangent donc leur place. Le cuir symbole de force et d’animalité ne se dérobe pas aux intérieurs chauds et savoureux mais échappent ainsi aux portes manteaux. Une nouvelle vie on vous dit.
Agathe
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